Dans l’exercice des prédictions de ce que sera l’informatique pour les années à venir, souvenons-nous en préambule du passé. Du temps où, jeune étudiant, je découvrais les réseaux derrière l’écran d’une station Unix. C’était le temps ou communiquer par messagerie d’une école à l’autre n’était pas une mince affaire, à la console. C’était le temps où l’intérêt d’étudier la logique des couches TCP-IP m’échappait totalement. Le vocable d’internet n’existait pas encore. Et d’ailleurs, quels informaticiens pouvaient imaginer l’ampleur de ce qui allait se passer?
Après l’âge de la pierre, du bronze, du fer, viendrait celui de l’information et de la communication. Les puristes pourraient à volonté y inclure la renaissance ou la révolution industrielle; mais faisons simple, sans querelle de spécialistes. De toute façon, quand je raconte à mes enfants que j’étais de ceux qui ont « découvert » internet, un regard quelque peu étrange me renvoi un signal d’inquiétude... Si on voulait brosser les réelles avancées de l’informatique je dirais donc qu’il n’y a pas eu grand-chose en 30 ans. Jusque-là, tout au plus une lente évolution.
80’s : Les processus et le stockage des données, les balbutiements de l’informatique
Dans les 80’s, commence le stockage des données habituellement calculées et collectées avec labeur. Les premiers tableurs de l’IBM PC ont laissés la place à une certaine industrialisation via des Main Frame. Les premières entreprises de services informatiques se créent. N’importe qui peut devenir informaticien. On y invente le Client-Serveur comme grand principe du développement et l’alimentation des premières bases de données. « La base c’est la base, quoi ! » me dirait un collègue tautologue de son état. Il est vrai, qu’en une trentaine d’année, quasiment plus d’évolution majeure sur ce plan. Le code vit sa vie, tranquillement. La vraie et seule différence depuis : Les informaticiens ne fument plus. L’expression de la fin d’une époque où la télévision nous a culpabilisés.
90’s : L’informatique intégrée ou non, la rationalisation comme résultat de la mondialisation
Mais tout de même, vint les 90’s et la généralisation de l’informatique dans les entreprises. De ce mouvement, deux écoles se forgent. D’abord, celle du cousu main, on réalise donc des applications à tour de bras. Pour autant, rapidement, la rationalisation arrive. Si moins d’un siècle s’était écoulé entre le début de la révolution industrielle et la venue du taylorisme, en moins d’une décennie « le non intégré » allait avoir maille à partir avec « l’intégré » des progiciels, puis avec les ERP. La mondialisation croît, les entreprises se rachètent et les DSI mesurent les risques d’un projet à l’aune de ce qui se passe ailleurs. Il est urgent de faire comme les autres : En avant pour SAP ! « Mon projet va nous coûter une blinde, ça va pleurer dans les bureaux et sur les quais d’expédition, mais ma Direction ne me reprochera jamais d’avoir fait comme les autres ». Pendant ce temps internet apparaît, uniquement aux initiés.
00’s : Le collaboratif… Limité dans l’entreprise il explosera sous une autre forme une décennie plus tard, auprès de l’individu
Ah, maintenant les 2000’s ! Les ERP épongent à grand soif les dernières flaques des budgets. Pendant ce temps, les tours jumelles du commerce international sont attaquées. Les prises de risques et l’innovation disparaissent. Les bons de commandes nécessitent de plus en plus de signatures. Alors on invente le collaboratif. Plusieurs avantages au collaboratif. D’abord son vocable est positif : Collaboratif, partage, plateforme, idées, etc. Et puis, il ne coûte pas cher. En cherchant bien, nous avons réalisés un gestionnaire de notes de frais, une boîte à idée, les avis sur le menu de la cantine. C’est fini, nous maîtrisons le collaboratif. Décidément, les 2000’s pour l’informatique, c’est comme les 80’s pour la musique : Nullissime ! Tout a été inventé dans les 70’s.
10’s : Cloud … Virtualisation (de la vie) et réseaux sociaux
Alors, vous allez me dire, les 10’s ? Et internet ? Pour l’entreprise, deux cas. Pour celles dont le client est l’individu, l’arrivée de nouveaux modèles économiques peut être brutale. Pour les autres, Internet se contente d’étendre le domicile des collaborateurs: Qu’il est bon de continuer ses courses au bureau, lire la presse ou suivre les notes du petit dernier sur Pronotes. Pour autant, peu à peu, comme individu, chaque collaborateur change. Du matin au soir le temps se raccourcit via les écrans du mobile, de la tablette et de l’ordinateur. Les réseaux sociaux sont devenus nos amis. Enfin « les »… Dans les faits, même s’ils se comptent sur les doigts d’une main, on peut s’y montrer entre deux publicités. On peut y rencontrer des gens, surtout ceux qui nous ressemblent. On peut y discuter, surtout pour donner son avis, tout et son contraire. Et peu à peu l’âge de la communication nous change. Elle changera donc aussi l’entreprise.
20’s : La communication numérique déboule...
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